Ancienne histoire du Bhoutan
L’histoire ancienne du Bhoutan est assez mal connue. Peu de traces permettent de déduire de l’existence d’une civilisation préhistorique dans le pays.
Bien que l’histoire ne cite le Bhoutan que dans le 7ème siècle, son existence en tant qu’entité indépendante a été reconnue bien avant cette date.
Au 8ème siècle, Guru Padmasambhava, plus connu sous le nom de Guru Rinpoche arriva au Bhoutan et propagea largement la foi bouddhiste tantrique dans le pays.
Il a alors construit de nombreux temples bouddhistes tibétains. Les plus connus sont le monastère Taktshang et le monastère Kurjey Lhakhang.
Histoire moderne du Bhoutan
L’autre événement marquant de l’histoire du Bhoutan été l’arrivée de Ngawang Namgyal du Tibet, le « Shabdrung » (littéralement, aux pieds duquel on se soumet) en 1616. Le Shabdrung était le père et unificateur du Bhoutan. Après avoir repoussé de nombreuses invasions d’autres groupes envahisseurs du Tibet, le Shabdrung soumet le Bhoutan sous l’influence de l’École Kagyüd Drukpa.
Ses 35 ans de règne ont également vu la création d’une administration à l’échelle nationale, dont certains aspects doivent encore endurer, et la construction de forteresses-monastères, plus connus sous le nom de dzongs.
Beaucoup de dzongs qu’on voit aujourd’hui ont été construits sous le règne du Shabdrung.
L’établissement de la monarchie
L’événement le plus récent dans l’histoire du Bhoutan est l’accession au pouvoir de Ugyen Wangchuck en 1885. Il est alors devenu le premier roi du pays.
Ugyen Wangchuck a réussi à arrêter les agitations provoquées par les gouverneurs régionaux et qui avaient plongé le Bhoutan dans un état de guerre civile quasi perpétuelle. Ayant consolidé son autorité sur l’ensemble du pays, il a joué le rôle de médiateur essentiel entre les Britanniques et les Tibétains.
Comme plusieurs autres pays de la région, le Bhoutan a été placé sous protectorat britannique pendant 39 ans (1910-1949) mais a réussi à conserver une pureté de sa culture locale et n’a pas été beaucoup influencé par l’extérieur.
Enfin, le 17 Décembre 1907, Ugyen Wangchuck a été élu à l’unanimité par tous les gouverneurs régionaux et le corps central monastique, à la Dzong Punakha et couronné « Druk Gyalpo » (littéralement, le souverain précieux du peuple du dragon).
L’actuel roi, le quatrième monarque héréditaire, est Druk Gyalpo Jigme Singye Wangchuk, sur son règne, le Bhoutan a ouvert ses portes aux touristes en 1974.
Histoire politique moderne du Bhoutan
1. Le conflit entre les Lhotshampas et les Drukpas du Bhoutan
Les Lhotshampas, populations d’origine népalaise, et les Drukpas, bouddhistes bhoutanais d’origine tibétaine sont les deux principales communautés ethniques du Bhoutan. Les deux sont très différents et se distinguent dans la culture, la langue et les traditions religieuses.
Ils ont vécu dans l’entente totale depuis la fin des années 1800 lorsque les Lhotshampas ont commencé à immigrer au sud du Bhoutan, à la recherche de terres agricoles et de la prospérité économique, où ils ont conservé leurs cultures et traditions népalaises de culture hindoue très différentes de celles des Drukpas.
Les tensions entre les deux groupes ethniques ont augmenté avec l’adoption d’une législation en 1985 obligeant les Lhotshampas à adopter la culture Drukpa, leur langue et leur religion.
L’utilisation de la langue népalaise et la télévision ont alors été interdites, le code vestimentaire national, qui consistait à porter la bakkhoo Drukpa, a été établi dans les espaces publics et un programme national de vérification de la citoyenneté des résidents du Bhoutan a été réalisé.
Un programme d’expulsion a été engagé et une grande majorité des Lhotshampas a été déclarée comme immigrée illégalement au Bhoutan.
Des protestations et des violences ont alors éclatées et les Lhotshampas ont organisé des manifestations pour demander l’abrogation des lois nouvellement mis en œuvre. Les autorités Bhoutanaises ont alors réalisé des arrestations massives et on a vécu une escalade de la violence suite à des expulsions de force.
Entre 1988 et 1994, plus de 100.000 réfugiés Lhotshampas qui vivaient au Bhoutan depuis des générations ont fui leur foyer pour se réfugier dans des camps de réfugiés au sud-est du Népal.
2. Les raisons des tensions entre les Lhotshampas et les Drukpas
Les raisons culturelles
La raison la plus largement véhiculée par le gouvernement pour justifier les conflits entre les Drukpas et les Lhotshampas se résume dans les différences et la friction culturelle entre les 2 groupes ethniques.
Le gouvernement bhoutanais, qui est principalement formé de personnes de l’ethnie Drukpa, craignait que leur culture axée sur le bouddhisme fût peu à peu submergé par les pratiques hindoues et les traditions culturelles des Lhotshampas.
Au début des années 1980, environ 30% de la population du Bhoutan était composé de Lhotshampas mais leur nombre n’a pas cessé d’augmenter régulièrement depuis.
Les raisons politiques
Toutefois, la communauté internationale pense que la véritable raison de ce conflit est que, bien que Bhoutan fût une monarchie, les Lhotshampas ayant eu une très bonne éducation avaient commencé à s’infiltrer dans des postes de haut niveau au sein du gouvernement et défendre la démocratie.
L’autre raison est historique : Dans l’État indien voisin du Sikkim, qui était autonome jusqu’en 1973 (et est une partie de l’Inde maintenant), les lhotshampas avaient peu à peu commencé à remplacer le Lepcha autochtones et les communautés Bhutiya dans la structure politique. Ils avaient alors été la principale raison de la consolidation du Sikkim en Inde. Les Drukpas ont alors commencé à craindre que cela ne se reproduise au Bhoutan, et ils ont alors ordonné l’expulsion généralisée des Lhotshampas.
En 1985, le contact avec les pays étrangers a été coupé, la télévision a été interdite, le tourisme a été réduit, Les Lhotshampas ont été identifiés comme une menace pour la monarchie Drukpa et on a essayé de détruire leur identité culturelle et religieuse.
Le Drig Lam Namsha a décrété l’obligation pour tous les Bhoutanais (spécifiquement les Lhotshampas) de porter des habits traditionnels Drukpa en public. L’utilisation de Dzonkha, le dialecte Drukpa, a été rendue obligatoire dans tous les domaines publics, malgré l’incapacité d’un grand nombre de Lhotshampas de le parler.
La pratique de l’hindouisme ou de toute autre religion que le bouddhisme mahayana a été interdite.
Les Lhotshampas ont alors considéré ces lois comme des violations de leurs droits humains et défié les Drig Lam Namsha, ils ont été accusés de se rebeller contre le roi, le royaume et le gouvernement.
Des affrontements violents ont suivi et des nouvelles lois ont stipulé que seules les personnes qui pourraient fournir la preuve qu’ils sont résidents au Bhoutan avant 1958 étaient admissibles à la citoyenneté.
La seule preuve acceptable pour être déclaré résident du Bhoutan avant 1958 était l’enregistrement auprès du ministère de l’Intérieur.
Toutefois, selon les historiens, le ministère de l’Intérieur n’existait pas en 1958 et a été établi que dix ans plus tard en 1968. Ainsi, la nouvelle législation a été une vraie tromperie politique et a rendu impossible pour les Lhotshampas de revendiquer la citoyenneté bhoutanaise.
Le conflit a atteint son apogée pendant les mois de Septembre et Octobre en 1990 avec une série de grèves de la faim, des manifestations publiques et des violences généralisées.
L’armée a été déployée pour endiguer les manifestations et a commis des assassinats en masse, de viols et des tortures. Des dizaines de milliers de Lhotshampas ont alors été expulsées du pays.